Non, les jeunes ne souffrent pas plus du Coronavirus !

Coup de gueule d’une enseignante de 40 ans après le passage de jeunes dans l’émission ‘’ Ce n’est pas tous les jours dimanche » du 28 mars 2021 animée par Christophe Deborsu sur RTL . Elle a une analyse différente.
Accrochez-vous ! Attention, âmes sensibles s’abstenir, discours politiquement incorrect.

On nous bassine ces derniers jours avec des reportages, des interviews de pédiatres, de parents, d’adolescents qui tous tiennent le même discours. Ces restrictions sont trop difficiles à supporter, les jeunes n’en peuvent plus. Ils dépriment. Ils sont ceux qui souffrent le plus de cette situation. Ils ne peuvent plus faire de sport, ils ne peuvent plus aller au concert et dans les festivals. Et maintenant, honte à notre gouvernement qui leur a supprimé la possibilité d’aller fêter la fin des examens en faisant du ski à l’étranger.
Mais où est-on ?
Tout le monde souffre de cette situation. Opposer les jeunes aux « moyens » et aux vieux me révolte.
Je ne peux m’empêcher de penser qu’à 18 ans, si tu ne peux pas partir au ski, ben tu le feras à 20 ou à 25. Mais quand tu as 75 ans, ou 80 ans et que ta croisière est annulée, et que tes perspectives d’avenir se bouchent, semaine après semaine, tu te laisses glisser. Le père d’une voisine, 82 ans, bon pied bon œil. Le premier confinement arrive, plus de visite, plus d’avenir. A un moment de sa vie où chaque instant compte double, où chaque année compte triple, il ne peut plus rien faire. En deux mois, il s’est laissé glisser. Il est aujourd’hui en maison médicalisée sans plus aucun rapport avec le réel.
Je pense à tous ces « petits vieux » qui remplissent les théâtres le dimanche après-midi pour les séances de théâtre en Wallon, pour les séances d’exploration du Monde. Ces sorties sont l’occasion de retrouver des amis, de préparer le voyage à venir, de revivre celui qui a été fait, de partager un morceau de tarte avec des amis.
A 85 ans, les années perdues ne seront jamais récupérées. A 80 ans, le voyage qui était programmé ne peut pas nécessairement être reporté, parce que deux ans, ça compte triple. A 75 ans, même vacciné, on n’osera pas retourner tout de suite au théâtre ou au club de sport, parce que le risque sera encore trop important pour sa propre santé. Et que 2022 ne sera sans doute pas la fin définitive du calvaire.

Je pense au restaurateur qui a vu son métier se transformer en « confectionneur de doggy bag » et qui n’arrive plus à nourrir sa famille.
Je pense à ce jeune qui a absolument besoin de son job pour vivre, pour éduquer son bébé, pour suivre ses études et qui en est privé parce que la salle de concert dans laquelle il travaille a fermé.
Je pense aux photographes de l’événementiel qui n’ont plus rien à photographier.
Je pense à la jeune pensionnée qui avait tant de projets, d’envies et d’objectifs et que se retrouve seule chez elle.
Je pense à cette mère de famille que son mari a quittée il y a deux ans et qui n’a que son salon de coiffure pour subvenir aux besoins de ses enfants.
Je pense à ces voisins, trentenaires, qui ont économisé et mis toutes leurs économies pour acheter un camping-car. Le projet de leur vie : partir un an faire le tour d’Europe. Ils ont posé leurs congés, presté leur préavis, rendu les clefs de leur maison et sont partis début mars 2020…. Ils sont bien vite revenus, squattent depuis chez des amis… leur rêve a pris le Covid !
Et je ne vous parle pas de ma vie à moi qui s’est arrêtée depuis un an. Ma vie que j’ai choisie sans enfant, sans vie de couple mais avec des sorties, des concerts, du théâtre, un club de sports collectifs, de l’aquabike, de l’aquaboxe, des tapis de courses, des séjours à l’hôtel, une esthéticienne, une pédicure, des massages, des verres avec des amis…
Je suis révoltée d’entendre cette jeune fille témoigner ce midi  sur RTL que sa vie se résume à dormir et suivre des cours derrière son ordi. Qu’elle est déprimée, qu’elle n’en peut plus. Elle a 20 ans, vit chez ses parents dans un milieu choyé. Elle dit qu’on lui vole ses plus belles années. Mais toutes les années sont belles, si on se donne la peine d’y travailler. Mais quand on a 80 ans, il en reste moins devant que derrière. Alors j’ai envie de te dire ma fille : « haut les cœurs, cesse de te plaindre et profite de cette occasion unique pour réfléchir au sens que tu veux donner à ta vie. ». C’est dur pour TOUT LE MONDE, bienvenue dans la réalité.

Les jeunes que j’ai en classe, ils bossent durant leurs jours « sans école ». Ils ont trouvé des alternatives pour occuper leur temps. Ils tondent les pelouses des voisins, taillent leurs haies, abattent et tronçonnent les arbres morts, ils font plus que s’occuper. Ils cherchent des solutions, ils se créent et inventent leur avenir.
Je ne connais pas ces jeunes filles en particulier mais cela me laisse comme l’impression que cette jeunesse « qui demande qu’on la comprenne » et « qu’on se mette à sa place » n’a pas beaucoup l’habitude d’être frustrée, qu’on lui dise NON. Comme une conséquence de ces enfants rois que l’on a éduqués très loin des réalités sociétales.
Une responsabilité éducationnelle est sans doute à voir dans cette prise de parole très égocentrique.
Fin du coup de gueule